Après Luanda, le déluge ?

Moins de 24h après ses conclusions, le sommet triparti de Luanda a déjà vécu ?

Ce matin à 07h30, les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont  attaqué les positions du Mouvement du 23 mars (M23) à Kanyabusoro, dans le groupement de Gisigari, et à l’entrée de Kabindi, dans le Nord-Kivu.

Cela en dépit de l’option d’un cessez-le-feu -établie dans la capitale angolaise par le chef d’Etat hôte, le président Joao Laurenço, président en charge de la Conférence internationale de la région des Grands lacs (CIRGL), et ses homologues, le rwandais Paul Kagame et le congolais Félix Tshisekedi-, dont les FARDC auraient dû être le premier destinataire.

Par contre, et après 2 jours d’accalmie, le haut commandement de l’Armée a décidé la reprise des affrontements. Un choix qui ignore la clause de la feuille de route rédigée à Luanda, selon laquelle le contentieux entre le gouvernement de Kinshasa et l’opposition politico-militaire du M23 devrait être traité en tant que problème national congolais, et résolu, dans le cadre de la reprise des négociations de Nairobi (Kenya). C’est-à-dire en privilégiant la voie pacifique. Ce qui, préalablement, avait été souhaité par le même mouvement rebelle présidé par Bertrand Bisimwa.

Dans le même sens d’ailleurs, le président Tshisekedi s’était exprimé à la fin des travaux en affirmant d’être « à disposition pour écouter leurs (du M23, ndlr) revendications » dans le cadre des négociations Nairobi et tout « en attendant qu’on met en marche la feuille de route qui amènera à un processus de paix, de stabilité et de confiance ».

Selon une source très proche du dossier, ces déclarations apaisantes et quelque peu étonnantes de la part du magistrat suprême qui avait auparavant assimilé le M23 à un « groupe terroriste », n’ont pas plu aux faucons des FARDC qui ont déclenché à nouveau les hostilités.

Qui commande en RDC ?

Cela confirme que, faute d’un contrôle effectif sur son armée, le président Tshisekedi n’offre aucune garantie à ses partenaires internes et de la sous-région, internationaux également, de pouvoir tenir les engagements pris lors de sessions comme celle de Luanda. Et explique aussi sa conduite fluctuante sur le plan communicationnel.

En mai, le président avait, sans mâcher les mots, accusé les FARDC d’être impliquées dans les massacres des civils à l’Est. Peu de temps après, avec un surprenant rétropédalage, il en avait cautionné autant la posture belliciste dans la crise avec l’M23, que les attaques désinformationnels qualifiant le Rwanda comme pays « agresseur » par procuration, c’est-à-dire à travers l’action du M23, défini à son tour comme « terroriste ».

Il est juste de craindre que, dans ces conditions, la feuille de route de Luanda, qui prévoit aussi le démantèlement des FDLR (la milice hutue rwandaise qui menace Kigali), et la perspective des pourparlers de Nairobi soient destinées à produire des bouts de papiers sans aucune suite. Avec le risque conséquent d’une aggravation de la crise et de l’intensification des opérations militaires.

Un analyste de la sous-région qui s’est exprimé sous le sceau de l’anonymat, nous a déclaré que « la crise en RDC est multidimensionnelle car elle affecte le problème de la sécurité et de la stabilité dans leurs dimensions régionales, celui des réfugiés et des déplacés internes et concerne enfin la présence de la Mission onusienne (MONUSCO) et sa ligne de conduite. Pour envisager des pistes réalistes de solution, il faut désormais placer les FARDC comme source principale de cette crise. Elles sont à l’origine de l’insécurité, des massacres des civils, du contrebande des ressources et sont devenues un levier indépendant de pouvoir qui échappe à l’autorité de l’Etat ».    

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