La diplomatie et les armes dans la guerre au Sahel

Le chef d’Etat-major de l’armée malienne (FAMa) ne s’est pas présenté à la réunion convoquée les 5 et 6 mai à Accra, au Ghana, par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans le cadre de la « lutte contre le terrorisme » initiée par les pays de la sous-région.

L’absence du général Oumar Diarra n’a pas surpris les observateurs, au vu des relations difficiles, pour ne pas dire houleuses, entre les autorités de Bamako et l’organisme régional, et sur lesquelles pèse également l’exacerbation du contentieux entre le Mali et la France, qui continue à exercer une influence considérable au sein de la CEDEAO.

Pour négocier l’arrêt des lourdes sanctions établies en janvier pour mettre la pression sur les militaires à la tête du Mali afin qu’ils rendent le pouvoir aux civils, Bamako a demandé la médiation du président du Togo Faure Gnassingbe. A Koulouba, le palais présidentiel, on espère pouvoir compter sur l’un des proches de Faure, qui est un ancien condisciple du colonel Assimi Goïta, le patron de la junte.

Cette initiative diplomatique a été prise depuis que les autorités maliennes avaient dénoncé, le lundi 2 mai, les traités de coopération en matière de défense signés en 2013, 14 et 20 avec Paris et « fixant le cadre juridique de la présence de Barkhane et du regroupement de forces spéciales européennes Takuba ».

Si paris a réagi en jugeant « injustifiée la dénonciation des accords», le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a répliqué  que la force française Barkhane n’avait plus de  « base légale » pour opérer sur le sol malien. Cependant, et malgré ces fortes tensions diplomatiques, les militaires français demeurent très mobilisés sur le terrain. Leurs forces spéciales ont mené, entre le 30 avril et le 2 mai, des opérations dans la région de Gao (nord) contre des bases d’approvisionnement des « groupes armés terroristes ».  

Quoi qu’il en soit, le départ définitif des troupes de l’Opération extérieure française (OPEX), à prévoir à la fin de l’été selon le timing arrêté par Paris, suscite l’inquiétude de la communauté internationale, qui craint une montée en puissance des combattants djihadistes. Jeudi 5 dernier, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a rappelé l’urgence de renouveler le mandat de la Mission des NU au Mali (MINUSMA) et plaidé pour une force africaine sous bannière onusienne, dotée d’un mandat plus « robuste » pour combattre les Islamistes.

Ceux-ci étendent progressivement leur rayon action, alors que les deux courants principaux djihadistes, le GSIM et l’EIGS, liés respectivement à al-Quaïda et à l’Etat islamique, et en guerre depuis quelques mois, viennent de négocier une trêve, toutefois limitée à la zone de Tidermène, dans la région de Gao.

De son côté, la communication des FAMa, très active, fait état de la neutralisation de 56 « terroristes » la semaine passée et annonce la libération d’un groupe de civils, dont nombreux enfants avec des femmes, arrêtés à Hombori, dans la région centrale de Mopti, pendant des rafles de la population suspectée d’être sous influence djihadiste.

Les avancées de la guerre au Sahel sur les plans militaire, diplomatique et communicationnel impliquent de plus en plus les civils comme cibles des belligérants.   

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