Massacres de Beni : cap vers le Ruwenzori

Pendant la nuit du lundi 17 à mardi 18 février, une trentaine de personnes ont été massacrées à Halungupa et dans les villages environnants de Manzalao et Hulebo, dans le secteur du Ruwenzori du territoire de Beni, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Cette nouvelle tuerie de civils par des hommes en uniformes militaires des forces armées régulières (FARDC) et parlant swahili a été attribuée aux rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF, selon l’acronyme anglais, Allied democratic forces). Un exode des populations en directions de Beni, Butembo, Kasindi, Mutwanga et Bulongo a suivi avec la paralysie des activités commerciales, sanitaires et scolaires.

Plusieurs personnes portant un corps dans un brancard à Halungupa.
Opérations de recherche des victimes.

Le Ruwenzori est situé dans le grenier agricole du territoire de Beni, avec des plantations de cacao, café, vanille et d’autres produits vivriers.

Cette zone n’avait jamais été attaquée par les escadrons de la mort qui y sévissent à Beni, ces carnages ayant eu lieu pour la plupart dans les groupements de Bambuba-Kisiki, dans le nord de Beni, et de Mayangose, à l’est, en bordure du Parc de Virunga.

Depuis le début de l’hécatombe qui a fait environ 4500 victimes en cinq ans et demi, le version officielle du gouvernement de la RDC, reprise par l’ensemble de la communauté internationale et les médias mainstream, indique comme responsables des atrocités les ADF. Toutefois, selon de nombreux rapports des Nations unies, des Ong et d’analystes indépendants, des officiers des FARDC tireraient les ficelles des groupes des tueurs.

Les massacres participeraient d’une stratégie extrême de contrôle des populations terrorisées et en errance permanente, ce qui permet également aux hauts gradés des FARDC de se dédier à des trafics juteux en profitant des produits des champs abandonnés.

Dernièrement, le collectif des « Indignés » du poste frontière de Kasindi a dénoncé le passage incessant de camions Fuso « transportant de centaines de tonnes de cacaos et de cafés en provenance des zones où les massacres sont perpétrés pour l’Ouganda voisin… ces cargaison ne passant jamais par la voie officielle mais par des pistes de trafic frauduleux… accompagnées par les militaires Fardc, avec la bénédiction du comité local de sécurité ». Tragique, l’histoire sans fin des massacres de Beni est aussi complexe. Il le fait remarquer le général français Jean Baillaud, ancien commandant de la force de la mission onusienne en RDC (MONUSCO), qui dresse son constat avec les obligations du langage diplomatique : « Nous pensions que les ADF étaient un ennemi bien identifié que nous pouvions vaincre avec une opération militaire. Or, on le voit clairement aujourd’hui : ce n’est pas seulement un groupe armé, mais un réseau, qui contrôle tout un pain de l’économie locale et jouit de complicités ».

2 Commentaires

  • je suis vraiment ému et les mots mes manquent , un peuple sans défense, innocent , ou est passé la communauté internationale et la monusco qui est présent n’arrive pas a intervenir , par complicité ou par ?…

    DOUGLAS.

    Aimé par 1 personne

  • La présomption de complicité de la communauté internationale vient d’un constat très simple : elle ne peut pas ne pas être au courant des implications de l’Etat congolais dans les massacres -étalées par ailleurs par de nombreux rapports des NU- et pourtant elle a continué dans les faits à soutenir le régime, sous Kabila et sous Tshisekedi.

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